Point de conjoncture 2015 par GSD Gestion

Du Capitole à la Roche Tarpéienne…

Les baisses brutales sont devenues une possibilité sinon une habitude ces dernières années et la règle se confirme, malheureusement encore, en 2015.

De règle, il en est une autre, et pas seulement l’été cette fois : les coups de grisou exagèrent la plupart du temps les fondamentaux économiques. Le problème est que s’ils durent, la nervosité des investisseurs, reflétée par l’envolée du Vix (doublement de l’indice de la peur) et les allers-retours incessants des indices au cours de ces dernières séances, se transforme en panique et finit par avoir des conséquences, cette fois, bien réelles et dramatiques, au-delà du raisonnable. Pauvres plantigrades que nous sommes…

Le défaut de confiance qui peut s’installer s’avère être aujourd’hui la principale menace.

La journée de lundi restera dans les annales pour une fin août (avec 2 mois d’avance, historiquement) : Shanghai et Tokyo -9% et -5 % respectivement, entrainant les places européennes vers le fonds avec un accès de folie momentané à -8,5 % sur le Cac 40 par exemple, en début d’après-midi.

Matières premières et pétrole, jadis valeurs refuge dans ces circonstances, ont continué leurs descente aux enfers dans le même temps, avec les indices actions internationaux, par sympathie sans doute. « Cash is king » a retenti dans toutes les salles de marché.

Pourtant sur le papier, des mouvements de telle ampleur se comprennent mal.

La Chine ralentit ? On le sait depuis plusieurs trimestres déjà, et cela parait naturel pour une économie en cours de transition vers une économie de services et de consommation intérieure (pour la première fois, la création de richesses développée par les services dépasse celle de l’industrie), alors qu’autrefois l’Empire du Milieu était qualifié d’ « usine du monde ». Une normalisation en somme, et un alignement futur avec les taux de croissance observés dans nos économies développées. Certes, ce qui trouble et stresse manifestement les investisseurs est moins que la croissance soit à 7%, 6.5% ou 5% mais plus la prise de conscience subite que les statistiques chinoises pourraient minorer la réalité ou l’embellir, comme on veut ?

Quoiqu’il en soit, le marché chinois restera encore pour quelque temps un réservoir potentiel incroyable pour bon nombre d’entreprises, y compris pour les acteurs du marché automobile, ce dernier continuera à absorber pas moins de 20 millions de véhicules chaque année pour faire évoluer la situation chinoise du stade d’équipement comparable à celui des années 40 aux Etats-Unis à celui d’une voiture par ménage au minimum en moyenne… comme chez nous actuellement.

Que la bourse de Shanghai retombe lourdement de 40% après une hausse d’autant en 6 mois, alimentée en grande partie par de la spéculation financée par crédit de la part de petits porteurs confondant la bourse avec une table de jeu de Macao, quoi d’extraordinaire ? Plutôt rassurant pour la suite que ces pratiques soient sanctionnées dans les règles de l’art.

Quant au reste du monde, la reprise américaine même modeste se confirme, la croissance en Europe frémit également, c’est dire. La croissance change de camp, tout simplement, des pays producteurs de matières premières vers le pays importateurs qui bénéficient du choc déflationniste extraordinaire de ces derniers trimestres provoqué par la chute des prix du pétrole et des métaux industriels

La principale raison de ce choc sur les marchés, au delà des ajustements de modèles d’anticipations des économistes et de prévisions de résultats des entreprises, réside principalement dans le facteur Liquidité qui affecte tous les flux de toutes classes d’actifs et ce désormais de manière colossale et brutale.

En effet, l’abondance exceptionnelle de liquidités dans le monde qui découle des politiques monétaires expansionnistes des grandes banques centrales affecte de manière décuplée les risques, par effet d’entonnoir sur les investissements, et s’oppose de manière frontale à la capacité devenue très restreinte des acteurs finaux à absorber les contre chocs pour des raisons réglementaires plus strictes, au nom de la sacrosainte sécurité paradoxalement.

Ajoutons à cela, la période creuse de l’été faute de combattants, le fait que les autorités ne pourront plus nous sortir d’armes surprises nouvelles pour soutenir le marché sauf à reproduire encore et toujours les mêmes méthodes qui produisent les mêmes effets, et des anticipations de remontée des taux de la Fed brouillées au niveau du timing (septembre, décembre ou autre ?), et on comprend la petite crise d’angoisse des quelques gérants présents devant leurs écrans pour ceux qui ont encore âme humaine.

Pourtant, si des épisodes de volatilité plus nombreux sont à redouter dans les trimestres et années à venir pour ces mêmes raisons, le changement de cycle en faveur des pays développés crée des opportunités très intéressantes d’acheter à « bon compte » sur les niveaux de valorisation actuels très raisonnables (14x les résultats pour la France, en ligne avec les niveaux historiques) et pour des raisons fondamentales, dès que la nervosité, et seulement à ce moment-là, aura perdu de sa vigueur.